Depuis 2023, les scandales d’ordre sexuel n’en finissent plus d’éclater dans la presse et même sur le petit écran. Parmi les célébrités tombées de leur piédestal, on peut ainsi citer Gérard Depardieu, Benoît Jacquot, Jacques Doillon, ou encore Dominique Boutonnat (le président du CNC). Du côté des victimes ayant brisé le silence, on retrouve Judith Godrèche, Vahina Giocante, Isild Le Besco ou encore Aurélien Wiik. Après toutes ces révélations, les visages du mouvement MeToo ont pris la pose pour la tribune des 147, parue ce 14 mai dans Le Monde.
On y retrouve ainsi les photos de nombreuses victimes. Parfois très connues du grand public. Des femmes, mais aussi des hommes. À l’image d’Emmanuelle Béart, qui a dénoncé des abus incestueux il y a quelques mois. Ainsi que Marie Portolano, Philippe Torreton et Marilou Berry. Et même Vanessa Springora, victime de l’écrivain Gabriel Matzneff. Toutes et tous se serrent les coudes. À travers la « tribune des 147 », ces personnalités de la culture, de la politique et même du sport réclament des avancées. Des changements. Pour mieux accompagner les victimes de viol et d’abus sexuels. Tout en condamnant plus fermement les prédateurs. On fait le point !
Tribune des 147 : que veulent les signataires ?
Il arrive que certains internautes s’étonnent en découvrant que leur vedette favorite a gardé le silence pendant des années. Avant d’enfin témoigner sur les atrocités qu’elles ont vécues. Les mauvaises langues vont jusqu’à remettre en cause ces prises de paroles. Accusant les actrices d’avoir changé d’avis. D’avoir inventé des choses. De chercher à faire la une. Pourtant, dévoiler ce qu’on a subi n’a rien de simple. Les victimes ont souvent peu à gagner en dévoilant leurs témoignages. Et surtout, cette énorme vague MeToo démontre que ces faits n’ont rien d’isolé. Elle concerne des millions de personnes. C’est que la tribune des 147 veut rappeler.
« Nous sommes cent mais, en fait , nous sommes des centaines de milliers. Nos prises de parole #metoo ont révélé une réalité plongée dans le déni : les violences sexistes et sexuelles sont systémiques, pas exceptionnelles. Pour autant, une affaire semble en chasser une autre, qui nous écoute vraiment ? », commence l’article paru ce 14 mai dans Le Monde, illustré de nombreuses photos de groupes. Sur lesquelles on aperçoit 100 personnalités liées au mouvement MeToo.
Les polémiques éclatent en cascade dans les médias. Mais les mentalités n’évoluent qu’à petits pas. Et le système judiciaire reste intraitable avec les victimes. Le récent procès de Coline Berry-Rojtman l’a bien démontré. Plaintes classées, ton accusatoire, manque d’empathie… Les enquêteurs et les tribunaux ont encore des progrès à faire.
« Depuis sept ans, nous parlons pour nous et pour toutes les femmes, hommes et enfants qui ne peuvent pas le faire. Les inégalités et les rapports de pouvoir favorisent les violences sexistes et sexuelles, et le déni collectif protège les agresseurs. Nous ne sommes pas des chiffres : femmes et hommes de tous milieux professionnels, nous nous rassemblons pour demander une loi intégrale contre les violences sexuelles et sexistes, ambitieuse et dotée de moyens. Car, malgré le courage des victimes, c’est l’impunité qui grandit. Il est inacceptable que le taux de classement sans suite des plaintes pour violences sexuelles ait atteint le chiffre délirant de 94 % en 2022. Nous n’acceptons plus les effets d’annonce sans résultats. L’ajout du seul mot « consentement » dans la loi ne permettra pas de rattraper le retard abyssal de la France en la matière. »
Si beaucoup dénoncent le tribunal médiatique, les signataires de la tribune des 147 soulignent l’inaction des pouvoirs publics. Des autorités qui traînent des pieds pour reconnaître les abus. Et pour condamner ceux qui en sont les auteurs. Célèbres ou non, les victimes ont besoin d’un système judiciaire qui répond à leur détresse. Et qui envoie un message fort à l’ensemble de la société. En punissant réellement les violences, le harcèlement et les viols. Dans tous les milieux.
« Nous demandons une loi intégrale qui permettra de clarifier, entre autres, la définition du « viol » et du « consentement », d’introduire celle d’« inceste », de juger les violeurs en série pour tous les viols connus, d’élargir les ordonnances de protection aux victimes de viol, de faciliter la collecte de preuves, de créer des brigades spécialisées, d’interdire les enquêtes sur le passé sexuel des victimes, de permettre un accès immédiat et gratuit à des soins en psychotraumatologie, de donner enfin les moyens financiers à cette politique publique et aux associations qui la mettent en place. »
Le message est clair : il faut de vrais moyens. Pas uniquement des annonces, des promesses et des numéros verts. Alors que la Ciivise a dernièrement connu un remaniement qui a fait scandale, on soupçonne le gouvernement de ne pas traiter ce fléau comme il se doit. Rappelons qu’au bas de la tribune des 147, on retrouve des noms très célèbres. Comme Muriel Robin, Isabelle Adjani, Sandrine Bonnaire, Emma De Caunes, Flavie Flament ou encore Julie Gayet. Ou encore Stéphane Gaillard, le directeur de casting ayant lancé le mouvement MeToo Garçons