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Au XIXᵉ siècle, le célèbre écrivain Victor Hugo avait déclaré « Celui qui ouvre une école, ferme une prison. » En effet, en assurant l’instruction mais aussi la socialisation des plus jeunes, les établissements scolaires jouent un rôle essentiel pour former des citoyens accomplis. Cela dit, ces dernières années, l’Éducation Nationale a parfois eu du mal à susciter des vocations. Classes surchargées, revenus insuffisants, manque de considération… Les enseignants n’ont pas forcément une situation enviable. Après de longues études, le concours permettant de devenir professeur n’attire plus forcément les jeunes diplômés. Sur l’année 2020-2021, 2 411 profs ont même abandonné leurs fonctions, via une démission ou une rupture conventionnelle. Et l’inflation a empiré la situation du corps enseignant. Aussi, le gouvernement a proposé plusieurs évolutions, pour rendre le métier et sa rémunération, plus attractifs.
La promesse d’Emmanuel Macron aux enseignants
Le président de la République a pris un engagement : à l’avenir, plus aucun professeur (ayant le statut de titulaire), ne pourra percevoir un salaire mensuel inférieur à 2 000 euros net. Cette promesse d’Emmanuel Macron a depuis fait l’objet d’un rappel, par le tout nouveau Ministre de l’Éducation Nationale, Gabriel Attal. Ce lundi 28 août, l’ancien Ministre des Comptes publics a donné une conférence de presse pour évoquer la rentrée. Il a ainsi confirmé que les enseignants travaillant de l’enseignement primaire ou secondaire, auront droit à une augmentation comprise entre 125 et 250 euros.
“Ces revalorisations, nous vous les devons. », a déclaré Gabriel Attal.
Mais comment calcule-t-on ces hausses, en vigueur dès le 1ᵉʳ septembre prochain ? Elle dépend de plusieurs missions, qui incombent aux enseignants.
- L’indemnité de suivi et d’orientation des élèves (ISOE) concerne ceux qui exercent dans les collèges et lycées.
- L’indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves (ISAE) s’adresse aux professeurs des écoles (enseignement primaire).
Dans ce contexte, les profs peuvent s’attendre à gagner environ 2 550 euros brut en plus sur l’année.
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La prime d’attractivité : comment ça marche ?
Pour obtenir un salaire plus important, les enseignants peuvent aussi se tourner vers ce dispositif. En clair, il s’agit de garantir un revenu mensuel d’au moins 2000 euros, sur les 15 premières années de carrière à l’Éducation Nationale. Cela concerne les professeurs, jusqu’à l’échelon 7. Voici la liste exhaustive des métiers qui ont droit à la prime d’attractivité :
- Les enseignants ayant le statut de titulaire.
- Les conseillers principaux d’éducation (ou CPE)
- Les psychologues exerçant pour l’Éducation Nationale.
À savoir : les augmentations annoncées par le Ministère ce lundi 28 août 2023, intègrent déjà la revalorisation du point d’indice (pour la fonction publique) appliqué en juillet dernier.
Les enseignants « néo-titulaires »
Ces derniers mois, en France, les ménages ont connu une sérieuse baisse de leur pouvoir d’achat. Et les profs ne font pas exception à la règle. Aussi, face à l’inflation, le ministère de l’éducation a aussi pensé aux enseignants nouvellement titularisés. Ce qui correspond à l’échelon 2. À présent, leur salaire sera forcément supérieur à 2 000 euros. Il atteindra exactement 2102 euros par mois. Ce qui représente une hausse conséquente par rapport au barème appliqué en 2022, ou encore en 2020.
2020 | 2022 | 2023 | |
Professeur néo-titularisé (échelon 2) | 1 697€ | 1 924€ | 2 102€ |
Professeur néo-titularisé et certifié (échelon 2) | 1 698€ | 1 928€ | 2 102€ |
Données collectées sur education.gouv.fr |
Comme on peut le voir dans le tableau ci-dessus, parmi les enseignants en début de carrière, il n’y aura plus d’écart de salaire. Ces hausses concernent les professeurs de la maternelle au lycée. Pour ceux qui exercent dans des établissements du réseau éducation prioritaire (REP+) le salaire pourra même grimper à 2 466 euros.
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Une belle augmentation pour les professeurs des lycées professionnels
Jusqu’ici, nous avons uniquement des hausses de salaires, ouvertes à tous les enseignants, sans condition. Mais le gouvernement permet aussi de recevoir des revenus supplémentaires, en effectuant des missions particulières, prévue dans le pacte de l’Éducation Nationale, au service des élèves. Les montants perçus peuvent varier en fonction du profil de chaque professeur, mais aussi des responsabilités endossées. Rappelons qu’il s’agit de tâche complémentaire non obligatoire, réalisées de façon volontaire.
D’après le ministère, les enseignants jouant le rôle de prof principal, à l’échelon 4, dans un lycée professionnel, peuvent compter sur une hausse de 804 euros. Et ce dès le 1ᵉʳ septembre. La condition ? Signer le fameux pacte. Allons dans le détail pour comprendre quelle réalité désigne ce chiffre, donné par l’Éducation Nationale.
- Un professeur remplissant les critères mentionnés ci-dessus touchera, comme tous les enseignants, une revalorisation du salaire. Sans condition, elle atteint ici 239 euros.
- Ensuite, s’il fait des tâches complémentaires auprès des élèves, il pourra obtenir jusqu’à 565 euros de plus chaque mois. Ces missions, diverses, incluent :
- Assurer des cours pour des matières optionnelles
- Faire des remplacements de manière temporaire.
- Suivre les élèves, dans la suite de leur parcours scolaire.
- Gérer les relations entre les entreprises et l’école.
- Aider les collégiens à se familiariser avec l’enseignement professionnel et les métiers.
Un coup de pouce pour les enseignants ayant plus de 7 ans d’expérience
Le fait de signer le pacte peut avoir de nombreux avantages pour les professeurs des écoles. Surtout pour ceux qui enseignent en maternelle ou en primaire. Spécialement ceux qui ont déjà 7 ans de carrière à leur actif et exercent en REP. Cela correspond, dans le jargon de l’Éducation nationale, au grade : classe normale, échelon 5. Dans une telle situation, les enseignants peuvent s’attendre à gagner jusqu’à 534 euros en plus chaque mois. Là encore, allons examiner ce montant de plus près.
- Dans un premier temps, 251 euros de hausse s’appliquent en raison de l’augmentation du point d’indice, mais aussi des primes ISEA et attractivité.
- Le reste, les 283 euros, peuvent être obtenus à conditions que le professeur des écoles accepte d’assurer plus tâches :
- Animer des cours de soutien en mathématique et français pour les élèves de 6ᵉ.
- Coordonner des projets dits d’innovation pédagogique.
- Participer à un stage de réussite durant les vacances scolaires. L’objectif ? Soutenir les élèves en difficultés, pour combler leurs lacunes et les remettre à niveau.
Un revenu supplémentaire après 17 ans de carrière
Ne vous inquiétez pas ! Les enseignants en poste dans les collèges peuvent aussi compter sur un coup de pouce. Prenons l’exemple d’un professeur, exerçant depuis 17 ans. Supposons qu’il a le grade suivant : classe normale, échelon 8. Enfin, considérons qu’il effectue une heure supplémentaire chaque semaine.
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Comme sa titularisation remonte à des années, il aura une revalorisation moins élevée. Dans ce cas, elle s’élèvera à 126 euros. Ainsi, son salaire pourra atteindre 2 480 euros net par mois. Mais il peut aussi faire grimper sa rémunération en assurant des tâches supplémentaires. Cela inclut :
- Assurer des remplacements temporaires.
- Participer à la mesure « devoirs faits ».
- Coordonner l’orientation des élèves.
Ces missions peuvent permettre aux enseignants d’obtenir 283 euros de plus chaque mois. Soit un revenu total de 2 763 euros net.
Le salaire des enseignants en poste depuis 27 ans ou plus
Les plus courageux des professeurs, qui font carrière pendant une durée aussi longue, peuvent espérer gagner jusqu’à 3 000 euros net chaque mois. Là encore, il s’agit d’un exemple bien spécifique, qui permet de mieux comprendre les changements qui attendent les enseignants. Prenons le cas d’une professeure avec 27 ans d’expérience, grade : hors classe, échelon 3. Considérons qu’elle a bien signé le pacte de l’Éducation Nationale.
- Avec la prime ISOE seule, et la revalorisation générale, elle touchera 131 euros de plus. Ce qui porte ses revenus à 2 776 euros net.
- En acceptant d’assurer des remplacements ou de s’investir dans la coordination d’un projet d’innovation pédagogique, elle aura droit à un supplément de 188 euros chaque mois. Ce qui peut lui permettre de gagner 2 964 euros net chaque mois.