Supermarchés : les prix vont-ils flamber avec cette nouvelle loi ?

Une loi examinée à l’Assemblée nationale risque de faire exploser les prix dans les supermarchés. La hausse pourrait aller jusqu’à 30 %.

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L’Économie française n’est pas au mieux de sa forme ! Avec un taux d’inflation estimé à 6,2 % sur un an en décembre, le pouvoir d’achat des ménages est au plus bas. Et vu le contexte, les prix dans les supermarchés ne sont pas près de baisser.

Par ailleurs, les distributeurs redoutent une forte envolée des prix. On parle là d’une hausse à deux chiffres. Tout cela à cause de la proposition de loi Descrozaille. Si adoption il y aura, on peut s’attendre à une augmentation de 30 % ! Voici les détails.

La proposition de loi Descrozaille

Le 29 novembre 2022, le député Renaissance Frédéric Descrozaille a déposé une proposition de loi. Cette dernière a pour objectif de :

« sécuriser l’approvisionnement des Français en produits de grande consommation »

Pour arriver à ses fins, Frédéric Descrozaille veut diminuer le pouvoir de la grande distribution dans les négociations de prix. Il faut savoir que chaque année, les industriels et les distributeurs comme les supermarchés négocient les prix.

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela n’a pas été au goût des dirigeants de supermarchés et hypermarchés. À commencer par le patron de Leclerc qui qualifie le projet de « scandaleux », car il « limite les promotions ».

Du côté de la commission des Affaires économiques, c’est un tout autre son de cloche. En effet, mercredi 11 janvier dernier, le texte a été validé à l’unanimité par les députés. Même s’il y aura quelques changements à apporter.

En particulier concernant l’article 3 qui fait tant parler les distributeurs. En effet, cet article stipule qu’en cas de non accord au 1ᵉʳ mars entre industriels et distributeurs, c’est aux fournisseurs de fixer les prix. Et en cas de désaccord des distributeurs, il y a rupture de contrat.

Les députés ont décidé d’alléger cette mesure austère. Pour ce faire, ils ont imposé un délai minimum d’un mois pour initier les discussions de sortie de contrats. Ces dernières se feront en présence d’un médiateur. Est-ce suffisant ?

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Pour Michel Biero, patron des supermarchés Lidl en France, c’est clair :

« Cette loi est là uniquement pour défendre les multinationales. Elle n’est pas là pour défendre les TPE, ni les PME, ni les ETI. »

Quant à l’enseigne de supermarchés Système U, elle regrette :

« Au moment où tous les citoyens ont beaucoup de charges qui augmentent, ce qui nous est proposé-là ne va pas dans le bon sens »

Une inflation folle dans les supermarchés ?

Vous l’aurez compris, c’est surtout l’article 3 de la proposition de loi Descrozaille qui fait grincer les dents. Notons que lors de la rédaction de cet article, les discussions entre les distributeurs et les industriels sont en cours.

Si elles n’aboutissent pas avant le 1ᵉʳ mars, alors les prix dans les supermarchés resteraient les mêmes que ceux avant les négociations. Cette situation, le député Renaissance Frédéric Descrozaille la voit comme une injustice.

Pour l’élu de la République, « un retour à zéro sur les négociations » serait l’idéal. Notamment rediscuter le contrat entre les parties prenantes. En lisant l’article 3, les distributeurs y voient davantage une forte augmentation des prix.

« Nous connaissons les hausses de prix exigées par les industriels, elles sont de 20% à 30%. Les industriels auront tout intérêt à ne pas se mettre d’accord avec les distributeurs pour, in fine, que leur demande d’augmentation de prix aboutisse », fait remarquer le groupe Système U.

Frédéric Descrozaille n’est pas du même avis. Le député semble miser sur le bon sens des industriels. D’après ses dires, ces derniers :

« savent bien qu’ils ne peuvent pas demander des hausses de prix trop importantes ».

Pour sa part, le directeur de l’Institut de liaisons des entreprises de consommation (Ilec), Richard Panquiault, estime qu’il s’agit d’un raisonnable compromis :

« Cet article est à haut risque pour tout le monde. Il entraîne des conséquences tellement importantes entre les deux parties que ça les forcera à trouver un accord parce que, pour les industriels, le plus risqué serait une rupture de contrat. Pour moi, le plus dangereux est de rester dans la situation actuelle. »

Supermarché : un premier semestre catastrophique

Malgré les vives oppositions, le projet de loi Descrozaille est en bonne voie pour passer. Parmi les opposants, on peut compter Michel Biero qui pense que les lobbyistes et les multinationales se cachent derrière ce projet.

En se projetant dans l’avenir, le patron des supermarchés Lidl n’est pas des plus optimistes :

« Je pense que les six premiers mois de l’année 2023 vont être catastrophiques. Je reviens d’Espagne, où l’inflation est au double par rapport à la France. On a actuellement des propositions de hausses tarifaires de nos fournisseurs qui sont à deux chiffres. Ça va pour certains jusqu’à 49 % de hausse demandée. »

Sources : latribune.fr

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